Athletic Club du Lyonnais

 » Championnat de France de course en montagne… Coucou, me revoilà !

Déplacement en voiture, en petit comité avec Simon Prigent , sur mon énième championnat de France de course en montagne. Nous emmenons malgré tout dans nos valises, un invité de luxe, encore avide d’apprentissage, Mr Jean-Jacques Behm ! L’une des figures incontournable de l’athlétisme français, des années 60, et ancien recordman de France du 400 haies, qui poursuit aujourd’hui encore, sa passion sur les champs de cross et les stades en qualité de speaker !

Après mon mois d’Avril difficile en terme de condition physique, ces 2 dernières semaines entrecoupées de compétitions, m’avaient laissé entrevoir un espoir de revenir dans le game sur ce France…Bon, la prépa spécifique, forcément avait pris un bon coup de plomb dans l’aile, mais le plaisir et l’envie, étaient revenus suffisamment pour justifier ma présence à Super Dévoluy.

Le magnifique parcours n’était pas une découverte, car il était déjà support de ce même championnat en 2020, et finissait d’accroître la motivation.

Toujours un plateau de grande qualité et d’une densité exemplaire, l’objectif est malgré tout de rentrer dans le top 10, voire 5/7 si les planètes veulent s’aligner…

La température est fraîche, mais agréable, sans vent, et avec une pluie qui s’est enfin arrêtée de s’abattre sur le terrain.

Comme d’hab, ça part vite et la 1ere rampe très raide après 300m de course ne freine pas les ardeurs des plus vaillants ! je ne m’affole pas, et ne veut pas faire exploser le cardio de suite, surtout avec un départ en altitude que je redoute toujours un peu.

J’évolue vers la 25eme place, mais je sais que cela va très vite changer, car la bosse fait quand même 300m de D+…j’entame donc un gentil retour, même si ça tape déjà bien haut, et que la tête de course n’est plus si proche…

J’aperçois malgré tout au loin, Thomas Cardin qui s’est rapidement échappé, et qui m’a l’air impressionnant, malgré une grosse semaine de stage avec l’équipe de France…

Après un petit quart d’heure de course, j’arrive tout de même à effectuer la jonction avec le groupe de poursuivants ( composé de Quentin Meyleu , Théodore Klein, dont j’avais mis une piècette pour le titre), Alexandre Fine , et Jérôme Blanc )…La bascule, dans la 1ère descente s’opère dans la foulée, et il est encore trop tôt pour tirer des plans sur la comète, mais je sens que c’est le bon wagon et qu’il ne faudra rien lâcher !

Cette descente est rapide, pas vraiment technique, mais joueuse malgré tout, car souvent en single, avec quelques pierres piègeuses, qui peuvent faire partir à la faute si l’attention diminue…je reste donc en retrait du groupe de quelques mètres, pour avoir une bonne lecture du terrain. Durant les premiers hectomètres, le rythme est soutenu, mais j’ai l’impression que cela se jauge un peu. Puis Théodore prends les commandes, et là, cela commence franchement à descendre vite ! on Flirt avec les 20km/h, malgré quelques virages serrés, et je sens que la bataille s’est réellement engagée.

Ces 2km seront vite absorbés, avant une petite côte et une descente bien plus raide.

Je ferme la marche de ce groupe, tout en restant au contact. Les écarts sur l’arrière sont encore très faibles, quand à Thomas, il s’est déjà envolé et j’ai compris qu’on ne le reverrait plus avant l’arrivée…

Nous arrivons, sur la 2éme ascension du jour, 300m seulement, mais le genre de pétard où tu passes 5min dessus et pas très agréable pour les cuissots, car la pente moyenne fait un gros 29% ! nous sommes toujours groupés, mais en file indienne, car c’est très étroit…le mode petite foulée est activé, ça passe en courant pour ma part, même si certains préfèrent une alternance marche/course en étant tout aussi efficaces.

Les positions n’évoluent pas au sommet, mais les écarts sur l’arrière commencent à se creuser plus sérieusement.

Bon, on fait les comptes dans la tête… Thomas en tête, étant déjà qualifié pour les mondiaux sur le format trail court, Il y a 4 places à aller chercher pour être du voyage en Autriche et nous sommes 5 actuellement.

S’ensuit une longue descente où Théodore en bon technicien, reprend les rennes de la course avec Alexandre dans l’aspiration.

Je ferme toujours la marche, juste derrière Jérôme (Master 1 également), mais une cassure se produit… Jérôme descend bien, mais il est un peu moins à l’aise sur les parties plus techniques, et il est toujours difficile de doubler par endroit. Par moment la piste devient plus roulante et large, je pourrais en profiter, mais par contre il est beaucoup plus à son aise, et je ne peux pas descendre plus vite…donc je préfère rester derrière. L’autre soucis, est que je commence à sentir les prémices des premières douleurs aux quadris, et je sais qu’avec une seule seance spécifique excentrique dans les pattes, mon manque de préparation risque de se payer cash sur la dernière ascension.

J’arrive à rester au contact de Jérôme, malgré tout jusqu’en bas, mais les 3 autres compères ont filé, et possèdent dorénavant, une grosse vingtaine de secondes d’avance…

Jérôme embraye assez fort, dès le début de cette dernière ascension, et ce que je pressentais, en fin de descente, est bien réel ! les quadris sont entamés, la descente m’a fait mal, et par manque de force, je dois laisser filer Jérôme et par la même occasion, peut-être ce dernier billet Autrichien …

Va quand même falloir éviter l’explosion, car c’est peut-être l’ascension la plus « roulante » du parcours, mais y’a 400m de D+ à 12% de pente à ingurgiter !!!

J’enclenche le mode survie, et je ne cède guère plus de 15/20m sur Jérôme, avant de stabiliser cet écart. Puis, après environ 1km de bosse, je reprends un peu du poil de la bête…je sens que je recolle, alors est-ce Jérôme qui coince ? ou est-ce mon mode « crevard » avec un dossard sur la poitrine qui se manifeste ? Certainement, un peu des 2, mais c’est plutôt efficace, la foulée du grimpeur reprend ses droits et Jérôme en sera bien malgré moi, la victime ! Je recolle puis le dépasse…En bon cycliste lui aussi, il ne peut accrocher ma roue très longtemps (En course à pied, l’aspiration fonctionne beaucoup moins bien !), et les cartes ( )sont à nouveau, redistribuées !

Mais le plus surprenant, c’est que je commence à revenir sur Théo et Alex, qui avaient pourtant une bonne longueur… Alors je fais le forcing sur cette fin d’ascension. Ça tape fort, je suis rupteur ++, les cuisses brûlent, mais… jonction effectuée à environ 800m du sommet !

La pente s’adoucit, mais je ne fais pas le malin pour autant, car je suis oxy, et j’éprouve maintenant des difficultés à suivre Alex qui relance dans ce sous-bois en pente douce; certainement très agréable un jour de footing, mais détestable à l’instant présent

Enfin la bascule pour la descente finale, sans grande difficulté, je pense qu’à ce moment, nous sommes tous les 3 conscients qu’il sera difficile de faire la différence… L’avantage est que nous avons virtuellement un pied en Autriche quasiment assuré, car Jérôme ne pourra pas rentrer, mais inconvénient, il ne reste plus qu’une place sur le podium !

C’est parti, Théo d’abord, puis moi, puis Alex ! pas de cadeau, on est déjà chiffons, mais ça finira serpillère …comme imaginé, nous sommes à 150m de l’arrivée, rien n’est fait, même si Alex me prends 3/4 mètres.

La jeunesse fait parler la poudre, et Théo me déboîte comme un boulet de canon, en mode fin de course démembré !

je ne peux plus rien faire, je dois rendre les armes et regarde le spectacle avec l’offensive ultime, de cette jeunesse bronzée !

À 3m de la ligne, Théo est revenu de nulle part, mais c’est bien Alex qui est le meilleur dans le rôle de « serpillère », puisqu’en déséquilibre complet, il se jette par terre, pour cueillir cette dernière place sur le podium…quel talent !

L’ami Quentin, avait quand à lui pris la place de dauphin une dizaine de secondes plus tôt, derrière l’intouchable Thomas Cardin.

Cette course était tellement dingue, autant par son déroulement, que par son dénouement, que l’espace d’un instant, j’en aurais presque oublié que je venais de réaliser un joli tour de passe-passe !

Toujours refaire surface au bon moment, telle doit être ma devise…Mais coucou, me revoilà ! 24 ans après ma 1ère sélection chez les juniors, et 5j avant mes 43 printemps, je m’offre donc en avance un petit cadeau d’anniversaire avec un billet pour les mondiaux, afin de partager une nouvelle aventure avec les copains, et cette belle équipe de France..

Cerise sur le gâteau, plus anodine au vu du contexte, mais je m’offre également le titre de champion de France Master, pour couronner la journée !

Merci à tous, pour les encouragements et les messages de sympathie, moteurs indissociables de la performance, et encore un gros big-up à Tristan Calamita (brillant 9ème), son équipe, ses bénévoles, pour la réussite de cet événement , avec un parcours splendide, une organisation sans faille; mais également à tous ceux qui ont permis un suivi live de qualité, et toutes ces belles images !